Venez, allez, n'hésitez pas ...

Laissez- moi vous prendre la main et vous emmener dans mon monde.
Pour quelques instants, quittez ce présent.
Je vous invite au rire, à l'évasion, à sauter à pieds joints dans mon imagination.
Alors, on y va?

lundi 5 octobre 2009

Petites chroniques du plus beau métier du monde

Comme tous les jours ou presque, une trentaine de seconde avant que le son qui sert de cloche - c'est étonnant d'ailleurs qu'il serve de cloche, à dire vrai, on pourrait croire à l'indicatif qu'on entend au milieu des salles d'embarquement à Roissy - retentisse au milieu des couloirs désertés, elle s'installe dans sa classe.
C'est toujours mieux d'être déjà là quand les élèves arrivent.

Et voilà le "bal des dadets" qui commence. Il faut les comprendre, ces jeunes, c'est dur de rester concentré pendant une heure - pardon 55 minutes-. Ils se rangent au compte goutte.
- Peut-être bien que d'ici dix minutes, on aura récupéré l'intégralité de la classe, pense-t-elle doucement, en regardant les yeux soulignés de noir de la jeune fille de 5ème là, devant elle.

- Calmez-vous un peu , vous êtres trop excités ce matin, hurle-t-elle à la cantonade.
Vingt minutes que le cours a débuté et il n'est toujours pas commencé. Elle soupire et attend. Finalement, les élèves se calment, et font silence. Elle a peur de le briser. Une minute de silence est si rare dans ce collège. A croire qu'il leur fait peur.

Elle se décide, reprend le cours où elle l'avait laissé la fois précédente. Alors qu'elle se retourne, elle est surprise par une vague de chuchotis, qui comme le flot, s'éloigne et revient. Rien de bien perceptible. Juste un mouvement discret. Des têtes qui se tournent. Des messages échangés à voix basse. Un rire étouffé.
- Décidément, se dit-elle, aujourd'hui, ça ne va pas être possible. Elle laisse une seconde chance. La rumeur enfle.
- Stop, vous sortez vos TOUS vos carnets de correspondance. Le premier que j'entends à deux heures et un mot à faire signer.

Elle se tourne, reprend la phrase au tableau.
- Chouf le cul de la prof, elle a un string!
La phrase est tombée comme un couperet. Prononcée assez fort pour qu'elle l'entende. Son bras est bloqué en l'air. Le stylo n'écrit plus. Sa respiration est arrêtée. Son visage diaphane empourpré.

La boulette. La méga boulette.
- Faire comme si de rien n'était et sanctionner, réfléchit-elle à toute vitesse.
- D'accord, rangez vos affaires, sortez une feuille, vous faites tous les exercices des pages 18 et 19. Je ramasse les copies à la fin de l'heure et je ne veux rien entendre.
Rebelles et boudeurs, les élèves finissent par s'exécuter.

Alors que le silence règne sur la classe, elle tire sa chaise pour s'asseoir, consciente de la faute qu'elle vient de commettre en négligeant le facteur culotte dans une classe où les ados ont quatorze ans. Et puis, zut! Elle range sa chaise sous le bureau et se promène dans la classe. Elle n'a pas encore fait de barème, mais le revanche du string sera terrible!

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