Venez, allez, n'hésitez pas ...

Laissez- moi vous prendre la main et vous emmener dans mon monde.
Pour quelques instants, quittez ce présent.
Je vous invite au rire, à l'évasion, à sauter à pieds joints dans mon imagination.
Alors, on y va?

vendredi 31 octobre 2008

Derrière l'écran

Le train venait d’entrer en gare. Ce n’était pas la première fois que Magali séjournait à Paris, mais à chaque fois, débarquer sur ces quais gris loin de ses Pyrénées lui pinçait le cœur.Un sac gris sur le dos et une valise en toile marron au bout du bras, elle passe la main dans sa poche et serre son petit trousseau de clefs. Cela la rassurait. Elle avait au moins un endroit où se cacher de ce monde hostile et grouillant.Elle n’avait jamais aimé la foule. Elle préférait ses montagnes et la nature aux hommes. Quand elle donnait un coup de main à la ferme voisine, elle s’enfermait dans l’étable avec les bêtes.Dorénavant, plus rien n’était pareil. Sa mère l’avait forcée à quitter la maison pour qu’elle trouve du travail et se fasse une situation, comme on disait chez elle. Et puis, il fallait aussi qu’elle se trouve un mari. Sa mère avait pour elle d’autres ambitions que de la voir faire sa vie avec un éleveur du coin. Elle aurait voulu la voir mariée avec un homme de la ville, un employé, quelqu’un qui ne passe pas sa vie, à dépendre du calendrier agricole.Elle s’engouffra dans le métro la peur au ventre. Elle avait tellement entendu de choses sordides sur ce coupe-gorge de la capitale. Elle descendait les marches en baissant la tête et en longeant les murs.Arrivée à Dugommier, elle marche vers le petit réduit qui lui sert d’appartement. Les murs de l’immeuble étaient sales et décrépits. Elle gravit lentement chaque palier. A chaque marche, sa gorge se serrait un peu plus. De grosses larmes lentement embuaient ses yeux. Sa main blanche et fine se serra machinalement sur la poignée de sa valise. Devant sa porte, au quatrième étage, elle ne put réprimer un énorme sanglot. Elle se retourna. L’escalier était sale et poussiéreux. Elle entra et referma la porte. D’un coup d’œil circulaire elle reprit connaissance de la pièce. LA PIECE. Celle où désormais elle allait vivre. SON chez elle.Elle était venue quinze jours plutôt après avoir répondu à une annonce. Elle n’avait pas vraiment le choix. Ses parents possédaient peu de moyens et si d’aventure elle voulait changer d’appartement, elle devait d’abord gagner sa vie.Un ami de son père chez qui elle devait travailler avait installé une vieille table en formica bleu bancale, tout comme la chaise qui l’accompagnait. Au fond, un petit lit et une couverture. Heureusement, elle avait pensé à prendre des draps. Une plaque électrique et un minuscule frigidaire de part et d’autre de l’évier formaient le coin cuisine. Mais ce n’était pas le plus sordide. Ce soir, elle allait devoir affronter un moment qu’elle redoutait, elle allait devoir prendre sa douche. Même en signant la location, elle n’arrivait pas à se résoudre à avoir une salle de bain comme ça. Elle aurait mille fois préféré se laver à l’eau froide avec un seau. Mais chez elle, les toilettes étaient « à la turque » et pour prendre sa douche, il suffisait de placer une sorte de caillebotis sale et abîmé sur les toilettes…Elle se laissa tomber sur son unique chaise. La valise gisait à ses pieds. Le sac à dos encore accroché aux épaules elle s’avachit sur la table, la tête dans les bras sans chercher à retenir ses larmes. Elle ne savait pas combien de temps elle allait passer ici, ni même ce qu’allait être sa vie. Sa mère lui avait interdit de rentrer dans l’immédiat. Lundi matin, l’ami de son père l’attendait dans son atelier.Au pied de sa valise, une grosse blatte curieuse sondait de ses antennes le rebord d’une chaussure. [...]

5 commentaires:

Jérôme a dit…

Heu.... ! Tu la postes quand à un éditeur ? Une nouvelle qui est bien le mérite. Il s'en publie parfois de moins bonnes.

Gaëlle a dit…

ouaahhh! Merci! Je ne sais pas trop quoi dire.... D'autant plus que je l'ai écrite "au fil des pages", sans vraiment relire -tu t'en est certainement rendu compte- ni bosser la structure!

Anonyme a dit…

Bravo Gaëlle, j'ai vraiment lu avec plaisir l'histoire de Magali. La chute est décrite avec pudeur et brio mais elle est aussi terrible. C'est fort en tout cas. Tu as progressé au fil des pages. Continue à prendre du plaisir à écrire et j'espère que la suite viendra d'elle-même... Vraiment, très beau texte...
Bises et à bientôt.
Jean-Fran.

Jérôme a dit…

Mets la bien en forme, puis tentes ta chance. Je vois souvent des textes qui ne valent rien qui osent tenter l'aventure de l'édition. Ton histoire se lit et se tient, et il y a des éditeurs qui cherchent des nouvelles. CQFD !
Etre publié, c'est aussi affronter des refus en nombre et, un grand bonheur.

Anonyme a dit…

Ouah bravo, moi qui ne lis plus un bouquin depuis un moment j'ai dévoré ton histoire.
J'ai commencé par la fin mais la chute m'a intrigué et j'ai vraiment voulu connaître le début de l'histoire, ce qui c'était passé pour en arriver là.
Félicitation, tu es très douée.
Bonne continuation