Venez, allez, n'hésitez pas ...

Laissez- moi vous prendre la main et vous emmener dans mon monde.
Pour quelques instants, quittez ce présent.
Je vous invite au rire, à l'évasion, à sauter à pieds joints dans mon imagination.
Alors, on y va?

jeudi 16 juillet 2009

Réminiscence, James Tissot, A passing storm


Quelle idiote je fais, pensait-elle. Elle passait ses journées là, alanguie, abandonnée sur cette bergère où elle avait passé de si bons moments.
Comment ai-je pu croire une seule seconde à toutes ces sornettes? Tu es bien gourde, ma fille!
Les nuages qui bourgeonnaient dans le ciel ressemblaient à ceux qui lui piétinaient l'âme.
Trois jours que ce mal de coeur ne la quittait plus. Elle tanguait de l'intérieur, broyée par une lame de fond, prise en pleine tempête. Deux ans qu'elle se donnait à lui, se pliait à ses moindres désirs, et au bout du compte qu'espérait-elle? Ah, oui! Elle se serait bien vue, à la tête d'une plantation, aux Amériques, mener grand train. Nuée de domestiques, armoires débordantes, vomissantes de parures toutes plus éblouissantes les unes que les autres, de la porcelaine fine, des mets raffinés et rares plein sa table.
Quelle sotte! Dire qu'il l'avait baladée pendant tout ce temps! Son discours était bien rôdé, sa belle carrure et ses bonnes manières avaient fait le reste.
Mais elle avait compris maintenant. Elle savait. Ses parents avaient bien raison de lui dire qu'elle perdait son temps et son honnêteté. Il lui avait pris ses plus belles années et sa virginité.
Dieu qu'il est dur de vivre quand on est une âme en peine errante. Les soins et les tasses de thé que lui apportaient Alfred pouvaient bien encore durer une éternité, elle n'en avait que faire. Rien ne pouvait la soulager. Il était parti, laissant derrière lui un coeur meurtri. Elle n'avait même plus la force de sangloter. Elle avait tant pleuré que son coeur était sec. Elle s'était décidée à attendre là, sur cette bergère qui avait vu tant de larmes couler, ce que la vie pourrait bien lui apporter.

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