Ça y est. Je descends au parking. Les clefs d'avance dans la main, je déverrouille ma voiture, m’installe au volant et je quitte le boulot.Vite ! Vite ! Vite !Et je dois encore m’arrêter à la boulangerie avant d’aller à l’école la récupérer, et l’accompagner à la gym. Pendant qu’elle s’agitera dans tous les sens, je pourrai rechercher les jumeaux qui passaient la journée chez la nourrice.
Je jette distraitement un coup d’œil dans le rétroviseur. Il n’y a pas trop de monde sur la route, pas d’embouteillages, je devrais arriver à l’heure.Les pneus crissent. J’arrive à la hauteur de la boulangerie. Zut, il y a la queue ! Le contraire m’eût quand même étonné. Un regard sur la montre, encore quelques minutes.
Que faire ? Vais-je réussir à me faire servir avant que la cloche sonne ? Je tente le tout pour le tout et me gare en double file. J’enclenche les feux de détresse, claque la porte de la voiture et me range derrière la dernière personne.
À considérer la vingtaine d’individus qui espèrent leur baguette, on pourrait se croire en Russie en cette belle fin d’après-midi de février. Il fait froid. Très froid. Même emmitouflée dans mon manteau en Cachemire et mon étole en laine d’agneau, je gèle littéralement sur pied. Un petit vent glacial s’engouffre dans les rues et tourbillonne sur la microscopique place où nous attendons.

La personne devant, d’un calme Olympien, patiente. Homme femme ? Perdue dans cette veste en cuir retourné, impossible à savoir et aucun d’indice pour m’aiguiller. Enfin, j’avance de quelques précieux centimètres. Encore quelques pas et je poserai un pied dans la boulangerie.
Je ne peux pas m’empêcher de me balancer d’une jambe sur l’autre. Quelle perte de temps ! Un soupir un peu trop sonore et je récolte le regard réprobateur de l’ovni devant moi. Et quoi? Pas le droit de s’impatienter ? Trois personnes quittent ensemble le magasin. Je pénètre enfin dans le Saint des Saints.
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