
Elle avait d’abord observé, lu, toutes les discussions, les interventions. Elle avait suivi les liens indiqués dans les posts. Et puis, un jour, elle était intervenue.
Elle surfait depuis plus de deux heures sur jeunetcelibataire.com et suivait avec avidité la discussion lancée par Schtroumpfette.
Sctroumpfette, comme elle, n’avait pas ou très peu d’amis, et encore moins de petit ami. Elle avait été amoureuse une fois, alors qu’elle était adolescente et avait beaucoup souffert de cette relation platonique. Le garçon lui disait qu’il l’aimait mais refusait de le dire à leurs amis communs et de s’afficher au lycée avec elle. Ils se voyaient en cachette. Mais pour peu qu’ils soient invités à la même soirée, Dom Juan ignorait royalement sa belle et celle-ci pleurait toutes les larmes de son frêle corps d’adolescente pendant des jours et des nuits entières.
Sctroumpfette, comme elle, n’avait pas ou très peu d’amis, et encore moins de petit ami. Elle avait été amoureuse une fois, alors qu’elle était adolescente et avait beaucoup souffert de cette relation platonique. Le garçon lui disait qu’il l’aimait mais refusait de le dire à leurs amis communs et de s’afficher au lycée avec elle. Ils se voyaient en cachette. Mais pour peu qu’ils soient invités à la même soirée, Dom Juan ignorait royalement sa belle et celle-ci pleurait toutes les larmes de son frêle corps d’adolescente pendant des jours et des nuits entières.
Cette histoire dans laquelle elle s’était investie l’avait cassée en mille petits morceaux qu’elle avait beaucoup de mal à recoller.
Aujourd’hui trentenaire, Sctroumpfette ne savait que faire avec les garçons et préférait souffrir en célibataire plutôt que d’être en couple et ignorée. Nymphette et Poupoule, visiblement ses acolytes, suivaient aussi la discussion et ne tarissaient pas de conseils destinés à lui faciliter la vie amoureuse.
Magali ne s’était jamais sentie aussi proche de quelqu’un. A ceci près qu’elle n’avait jamais connu cet amour fou que décrivait Sctroumpfette, mais elle se retrouvait en tout point dans cette peur du sexe opposé. Elle aussi, aurait bien aimé aller boire un verre, se faire un ciné et pourquoi pas un resto avec le beau brun ténébreux de la boutique informatique.
Magali ne s’était jamais sentie aussi proche de quelqu’un. A ceci près qu’elle n’avait jamais connu cet amour fou que décrivait Sctroumpfette, mais elle se retrouvait en tout point dans cette peur du sexe opposé. Elle aussi, aurait bien aimé aller boire un verre, se faire un ciné et pourquoi pas un resto avec le beau brun ténébreux de la boutique informatique.
Elle s’immisça dans la discussion, et au fil des soirées, Sctroumpfette, Poupoule, Nymphette étaient devenues les amies de RosedeNoël - le pseudo de Magali –. Elles échangeaient avec force de détails leurs journées et se racontaient leurs vies amoureuse, rêvée ou réelle. Une fois, Poupoule avait écrit qu’elle aussi vivait à Paris, et Magali lui avait proposé de se voir, puisqu’elles ne s’étaient jamais rencontrées et pourtant, elles semblaient si proches ! Mais Poupoule avait toujours trouvé un prétexte pour annuler le rendez-vous, et décliner l’invitation.
Magali ne lui en voulait pas.
Magali ne lui en voulait pas.
Elle vivait de ses petites discussions et de ses espoirs amoureux avec son Dieu de l’ordinateur. Le sourire poli qu’il lui faisait quand il la croisait au hasard de la journée suffisait à embellir son quotidien et à la combler de bonheur.
Entre son emploi à la cordonnerie de la rue de Wattignies, son patron qui buvait tous les jours un peu plus, et les discussions sur les forums qui se poursuivaient souvent tard dans la nuit Magali était plutôt satisfaite de sa vie.
A choisir, évidemment, elle aurait préféré être héritière, avoir de l’argent, faire des études, être jolie, avoir des tonnes d’amies et sortir tous les soirs. Mais ça, c’était son petit conte de fées perso, l’histoire qu’elle s’inventait le soir, en se brossant les dents, en faisant des mimiques devant la glace, en prenant des poses, la bouche dégoulinante de dentifrice.
Entre son emploi à la cordonnerie de la rue de Wattignies, son patron qui buvait tous les jours un peu plus, et les discussions sur les forums qui se poursuivaient souvent tard dans la nuit Magali était plutôt satisfaite de sa vie.
A choisir, évidemment, elle aurait préféré être héritière, avoir de l’argent, faire des études, être jolie, avoir des tonnes d’amies et sortir tous les soirs. Mais ça, c’était son petit conte de fées perso, l’histoire qu’elle s’inventait le soir, en se brossant les dents, en faisant des mimiques devant la glace, en prenant des poses, la bouche dégoulinante de dentifrice.
Oui, sa vie ne ressemblait pas à celle qu’elle aurait voulu vivre, mais la sienne n’était pas mal non plus. Elle en était persuadée. Elle s’en persuadait.
1 commentaire:
L'amoureux, le prince, quand est ce qu'il arrive! je sens qu'elle se rapproche;)
Enregistrer un commentaire