Venez, allez, n'hésitez pas ...

Laissez- moi vous prendre la main et vous emmener dans mon monde.
Pour quelques instants, quittez ce présent.
Je vous invite au rire, à l'évasion, à sauter à pieds joints dans mon imagination.
Alors, on y va?

vendredi 13 mars 2009

Réminiscence, crépuscule


Sous le soleil doux et feutré de cette fin d’après midi d’été indien, alors que la brise fraîche du soir accompagnant la marée se lève, une silhouette gît encore sur le banc du sentier des douaniers. Tel un Ramsès contemplant sa cataracte, il gît là, sculptural. Les mains posées sur le pommeau sculpté de sa canne, calé sur l’inconfortable banc de bois, ses yeux vagabondent par delà l’océan moutonnant. Avec la rigueur d’un métronome, les vagues lèchent les avancées rocheuses agressives, le ressac murmure une douce mélodie à son oreille, si dure pourtant d’habitude. Les goélands interprètent leur ballet crépusculaire, les voiliers qui ornaient l’horizon de petites silhouettes lointaines se rapprochent tandis que les monstres marins aux ventres géants remplis de marchandises, croisent toujours au loin, dédaignant la côte.

L’esprit semble avoir déserté ce vieux corps décharné et squelettique perdu dans ce caban bleu, élimé et trop large. Sous la casquette, aussi vieille que l’homme, la peau parcheminée et cuivrée, burinée par les ans et le soleil, laisse deviner, à la manière qu’il a de fixer ainsi l’horizon, le destin du voyageur.

Fossilisé dans ce Finistère trop étroit et si peu exotique, il s’échappe, fuit, s’évade.

Il parcourt le monde, traverse les continents à grandes enjambées, parfois s’attarde sur des paysages, verts et mousseux, luxuriants, bariolés, éclaboussés de couleurs, dont il est seul à connaître l’existence.
Il retrouve cette vie grouillante, ces visages, qui ont accompagné son quotidien. Ces êtres qui à son insu, ont imprégné son corps et son esprit pour toujours. Le sourire candide de cet enfant et son regard si profond, la beauté de cette femme, aux traits si fins, altière, transportant à même le crâne, une montagne de bassines en plastique.
Comme un spectateur de son histoire, sous ses yeux défilent le film de sa vie, ses aventures et exploits, ses escapades, ses calvacades.

Las, il ne peut que se repaître de ses souvenirs, images furtives et insaisissables d’une vie accomplie. Dans la pénombre épaisse et envahissante, le soleil qui se couche sur son âme, encore ce soir, le fait mourir doucement.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne peux rester insensible à ce texte! Merci pour ces quelques lignes : après une journée bien difficile, l'air marin de tes mots m'a revigoré ! J'aime beaucoup certaines métaphores (les monstres aux ventres emplis de marchandises...) et la chute est très poétique bien qu'implaccable. Ca me donne envie de te donner une idée de lecture: Pierre Loti, Pêcheurs d'Islande. Une histoire d'amour, très, très triste et atmosphère de la Bretagne littorale admirablement bien rendue...
Bises. JF

Gaëlle a dit…

Merci JF.
Et je neote la référence dans mon petit carnet de lecture.