Venez, allez, n'hésitez pas ...

Laissez- moi vous prendre la main et vous emmener dans mon monde.
Pour quelques instants, quittez ce présent.
Je vous invite au rire, à l'évasion, à sauter à pieds joints dans mon imagination.
Alors, on y va?

jeudi 11 septembre 2008

Derrière l'écran, 6

Elle profita du week-end pour tout installer. Consciencieusement, elle déballa le moniteur, la tour, l’énorme imprimante et les petites enceintes. Des câbles noirs et blancs zébraient le sol comme un présage des éclairs à venir qui bousculeraient sa vie.
Une fois que tout fut branché, elle essaya d’ouvrir sa petite lucarne sur le monde. Malheureusement, tout fonctionnait sauf Internet. Quoiqu’elle fasse, elle se heurtait à la fenêtre grise et bleue que lui renvoyait obstinément l’écran « Vérifier l’installation. Un câble réseaux est débranché ». La mort dans l’âme, elle se résigna à attendre le lendemain matin, bien décidée à demander une explication au vendeur d’à côté.

Elle tergiversa pendant toute la durée de son trajet. Allait-elle tout d’abord chez le voisin pour tenter d’obtenir un diagnostique informatique rapide ou, employée raisonnable, elle attendait d’avoir un moment de libre, au risque de se retrouver le soir sans avoir pu voir celui qui détenait d’après elle, les clefs du mystère.
Tant pis, c’était trop important à ses yeux, elle prenait le risque d’arriver en retard, d’être réprimandée par le vieux qui sent la sueur. Elle tentait de se rassurer à chaque pas. Son coeur battait vite, elle voulait pouvoir rapidement faire fonctionner Internet, et qui plus est, elle allait être en retard.

Elle remarqua les deux personnes installées derrière des ordinateurs dans le magasin du voisin. Tant mieux, elle pourrait discuter tranquillement. Les mains moites, jouant avec la maille fine du petit bracelet qui roulait sur son avant bras, elle avait expliqué son problème et répondait maintenant aux questions de celui qui devait lui sauver la vie. D’après lui, le PC était branché correctement. Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas d’où pouvait venir le problème de connexion. Brutalement, il se souvint qu’un jour, elle lui avait confié ne pas avoir le téléphone…
- Tu as une ligne chez toi, quand même ?
- Une ligne ??
- ???
- Une ligne de quoi ??
- De téléphone, tiens ! Comment veux-tu connecter ton ordinateur à Internet si tu n’as pas de ligne téléphonique ?
- Ah… Et comment est ce que je dois faire pour avoir une ligne de téléphone ?
- Passe dans une boutique de France Telecom et tu verras bien. Avec un peu de chance, si le locataire précédent avait une ligne, ils peuvent te la brancher rapidement !


Dépitée. Elle était dépitée. Elle savait qu’elle avait besoin d’une ligne de téléphone mais dans son empressement, elle avait oublié ce détail. Dès qu’elle serait à son bureau, elle téléphonerait pour savoir.

En sortant de la boutique, elle avait déjà réfléchit à l’excuse qu’elle donnerait à son patron pour expliquer ce petit quart d’heure de retard. Elle n’eut pas à le faire, quand elle se trouva devant la porte, celle-ci était fermée. Elle n’avait donc pas rêvée quand elle était passée devant une première fois, le magasin était bel et bien fermé, et le rideau de fer n’était même pas baissé. Avec sa clef, elle put entrer dans la cordonnerie et s’installer à son bureau.
Elle profita d’être seule, pour immédiatement régler son problème de connexion téléphonique, et eut du mal à ne pas sauter de joie quand son interlocutrice lui annonça que son appartement était bien relié au réseau et qu’elle n’avait qu’à activer la ligne. Dès le soir même, tout fonctionnerait.

Brutalement, elle retrouva son sérieux quand retentirent les petites clochettes accrochées de la porte d’entrée. Le patron entrait en bougonnant. Il marmonnait dans sa barbe, mais les seuls sons qu’elle pouvait percevoir depuis son bureau étaient des sortes de grognements. A l’affût du moindre bruit, elle comprit qu’il s’était cogné plusieurs fois dans les meubles du magasin. Des bruits de pas se rapprochaient. Soudain, dans l’encablure de la porte, une tête hirsute, le visage sombre et mal rasé, et deux yeux hagards injectés de sang la fixaient.
Il articula péniblement un « Qu’est ce que tu fais là, toi ? Comment t’es rentrée ici ?? ».


Affolée, elle lui rappela qu’elle avait un double des clefs de la boutique. Il se rapprocha du bureau, il voulait savoir ce qu’elle faisait. Elle tenta de la maintenir à distance en agitant une liasse de courrier, mais il se rapprochait, droit et massif, de son bureau. Il respirait comme un phoque et empestait l’alcool. Elle le rassura, lui dit que tout allait bien. Elle allait lui apporter les papiers, de l’ autre côté, dans son atelier, il y verrait plus clair pour examiner tout ça. Il se laissa convaincre et prit place derrière son établi.


« Tenir jusqu’à ce soir, ne penser à rien d’autre qu’à ce soir, quand je pourrais enfin brancher mon ordinateur». Voilà ce qu’en substance se disait Magali.
« Je vais manger au parc, revenir terminer ma journée et je rentrerai très vite, le plus tôt possible à la maison».


A la fin de sa journée, elle flottait pratiquement au-dessus du bitume tant son pas était rapide. Elle monta les marches quatre à quatre, ouvrit la porte, jeta son sac parterre, et s’installa derrière son poste. Elle piaffait d’impatience le temps que son poste se mette en route. Quand elle cliqua sur la petite terre, l’ordinateur lui demanda de configurer la connexion. Elle utilisa le petit CD que lui avait confié le vendeur, et un petit quart d’heure plus tard, sous ses yeux émerveillés, la page d’accueil d’Orange se dévoilait.

1 commentaire:

Virginie Gervais-Marchal a dit…

Je ris, car je repense à ces heures devant l'ordinateur...à en chercher le fonctionnement! tu maitrises maintenant! ;)
Bon je monte lire la suite!